Jeantes
Eglise fortifiée saint-Martin. Elle est mentionnée au XIIème siècle dans une charte de l’évêque de Laon Barthélémy, comme dépendante de l’abbaye de Saint-Michel.
Il ne subsiste cependant rien de cette première église, à l’exception des fonds baptismaux. L’édifice a été rebâti dans sa totalité au cours de la première moitié du XVIIème
siècle, le choeur et la nef vers 1620-30, si l’on en croit une campagne de mesures et de datations scientifiques entreprise en 1978.
Le choeur et le clocher-porche (de forme rectangulaire), formant donjon, cantonné de deux petites tours (carrées, ce qui est exceptionnel en Thiérache), furent dotés de parties
fortifiées (bretèches), encore partiellement visibles aujourd’hui sur les élévations nord de la tour nord et du choeur. Le choeur porte sur une pierre la date 1667 qui correspond à un remaniement
ou une restauration. La nef a été reprise au cours du second quart du XVIIIème siècle, comme en témoigne l’inscription commémorative encastrée dans l’élévation extérieure sud, portant la date
1737 dans un coeur, accompagnée d’initiales non identifiées. La sacristie possède de même une pierre calcaire encastrée avec l’inscription «I. Malassaux Blanche 1773» correspondant à la date de
sa construction, il s’agit vraisemblablement des noms des maçons. La façade occidentale a été reprise au cours du XIXème siècle, en particulier le portail. Le donjon a abrité dans la tour nord,
jusqu’en 1889, la mairie puis les archives communales.
L’intérieur de l’église a été profondément transformé à partir de 1962 par la mise en place du décor du peintre hollandais Charles Eyck. L’installation de ce nouveau décor s’est accompagné de la
disparition des lambris de revêtement du choeur, des retables latéraux à l’entrée du choeur, tout comme du dégagement des structures primitives de charpente dans la nef et le choeur. Lors de la
restauration de l’édifice en 1978, le clocher qui surmontait le donjon, connu localement sous le nom de l’éteignoir, a été remplacé par une croix en fer forgé. Lors de la restauration des oeuvres
de Charles Eyck, sous les auspices de la fondation Eyck, de 1992 à 1996, l’église a été entièrement restaurée et dotée d’une série de verrières contemporaines et d’un nouveau maître-autel. Le
portail a reçu sur sa clef de linteau l’inscription «Restaurata 1994».
L’ensemble des murs est en briques. Les murs nord et sud de la nef, tout comme le choeur présentent un solin en pierre calcaire et en grès. Les élévations portent un décor de
briques vitrifiées, formant des damiers ou des coeurs. Les couvertures sont en ardoise. Le donjon est couvert d’un toit à longs pans et à pignon découvert. Les deux tours adjacentes sont
couvertes par une croupe. La nef est couverte, elle, par un toit à longs pans à pignon découvert. Le choeur est couvert, lui, par une croupe polygonale. La sacristie comporte un appentis. Le
narthex, sous le donjon, est couvert d’une voûte en berceau de briques, la nef et le choeur d’un faux plafond sur lattis de plâtre.
Fonds baptismaux romans, du XIIème en pierre bleue de Tournai.