René Behaine.

De son vrai nom René Behenne, né à Vervins, le 17 juin 1880, mort à Villefranche sur mer en 1966. C'est un : «monarchiste et antibourgeois, spiritualiste et sans religion, patriote et objecteur de conscience, antiraciste et antisémite, réactionnaire et revolte» Il est évident que quelques unes de ces propositions semblent assez incompatibles et de nature à donner l’idée d’une «personnalité déconcertante». René Béhaine est intéressant pour avoir écrit un de ces romans cycliques («Histoire d’une Societe» : 16 volumes, parus de 1898 a 1959) qui dans notre littérature appartiennent tous à la première moitié du XXe siècle, comme le furent : "La Recherche du temps perdu de Proust", "Les Thibault de Roger Martin du Gard", "Les hommes de Bonne volonté de Jules Romains", "Salavin et la Chronique des Pasquier de Duhamel", "Jean-Christophe de Romain Rolland")

Un seul livre de Béhaine connut un certain succès après un accueil enthousiaste de Léon Daudet. L’ensemble de l’oeuvre fut couronnée par la Société des gens de lettres en 1958.René Behaine fut proposé au prix Nobel de littérature en 1960.

 

Dès son premier roman, publié en 1899, il s’attaque avec véhémence à l’institution « bourgeoise » du mariage « arrangé ». Toute sa vie, il sera un individualiste forcené, refusant, par exemple le service militaire et passant la Première Guerre mondiale en Suisse.

Un peu comme Marcel Proust, auquel on l’a souvent comparé, il a voulu décrire la société de son temps, sur laquelle il portait un regard aiguisé et surtout un jugement implacable. Car, s’il réclamait, surtout en tant qu’écrivain, son indépendance personnelle, il fut très loin d’être, sur le plan social, tenté par l’anarchisme. Bien au contraire, il dénonçait le fait que plus aucun ordre ne régnât dans la société et en recherchait - c’est peut-être même l’objet principal de son œuvre - les causes. À l’instar de Balzac, il accusa la Révolution française, fruit et ferment d’un libéralisme effréné et destructeur.

L’œuvre de René Béhaine fut, entre les deux guerres mondiales, saluée par une partie de la critique. Ainsi Léon Daudet, co-directeur de l’Action française et grand découvreur de talents, le plaçait sur le même plan que Marcel Proust et écrivait après la parution d’Avec les Yeux de l’Esprit : « On dirait qu’il a déjà vécu une première vie, dont il se souvient dans une seconde existence... » À la fin des années 1930, il fit la connaissance de Pierre Guillain de Bénouville, alors camelot du roi, qui devait devenir l’un des chefs de la Résistance intérieure, puis celle de Jacques Guérin, l’un des plus grands mécènes du XXe siècle ; l’un et l’autre le soutinrent jusqu’à la fin de sa vie et l’aidèrent à publier ses trois derniers livres - sans doute les plus importants - qui parurent en Suisse.