Bruno Baillon.

Voilà...

 

Comme souvent, je lisais il y a encore quelques jours plusieurs livres en même temps...
L'un d'entre eux était un vieux truc qui relatait la bataille de Guise en 1914, mais nous en reparlerons plus tard...
L'autre, je venais de le trouver d'occasion, grâce à Internet, et s'appelle «Vues de vies». Il a été écrit par un Thiérachien (euh... Un Thiérachien du Nord... Un originaire du Hainaut...) : Philippe TABARY. Journaliste de formation, c'est un ancien de la fameuse école de journalisme de Lille.

Beuno Baillon
Beuno Baillon

Enfin, je me défoulais un peu avec un «banané», celui de Bruno BAILLON.
Bruno BAILLON : un Hirsonnais (pas de tous les jours), en tout cas né à Hirson, et qui y revient très régulièrement, et voudrait s'y fixer à nouveau. En fait, rien ne m'aurait incité à ouvrir ce livre si je n'avais vu sur la quatre de couverture qu'il avait été écrit par un Thiérachien, puisque né à Hirson !


Les premières pages situent le contexte autour d'une bande de paysans français qui réussissent à abattre le Président des Etats-Unis (Clinton... pas mal pour un roman publié en 2004...), sous prétexte qu'eux, paysans français, ne peuvent supporter les effets de la mondialisation. Comme ils rendent ce président Clinton responsable de tous leurs maux, ils décident de l'abattre... et ils réussissent dans leur entreprise ! Ils proviennent tous de la même région, voire du même village, et ont des activités qui ont un rapport avec l'agriculture.

Assez adroits, ou chanceux, pour mener à bien leur entreprise, ils ne sont pas capables d'assurer leurs arrières, et sont arrêtés, jugés, condamnés, emprisonnés...

Et un jour, un «journaliste d'investigation» en mal de sujet, intrigué par le devenir des meurtriers, se surprend à vouloir reprendre l'enquête à son début... Il se rend donc dans la ville qui héberge les bons paysans français en mal de la mondialisation, et commence à découvrir des choses étranges...

Viennent ensuite deux cents pages de récits, qui veulent montrer une fois de plus que dans notre société «tout le monde il est pas beau... tout le monde il est pas gentil». Rebellion de braves paysans contre un système qui veut les opprimer ? Que nenni... Mise en scène de toute pièce par des notables ambitieux, qui arriveront à faire chanter tout un Etat, tout un pays, tout un gouvernement ? Peut-être... Créer, puis démêler tout un écheveau de services actifs, de politiques manipulatoires, qui arriveront à faire croire à notre gentil journaliste tout, y compris son contraire et l'inverse le lendemain ? Certainement ! Et même à un moment, j'ai cru que les RG allaient être les bons de l'histoire et remettre la situation bien à plat dans le meilleur des mondes...

Deux cents pages qui vont me créer des soucis, à tel point que j'étais parfois contraint à arrêter ma lecture pour consulter les pages d'un dictionnaire, car mon vocabulaire ne me permettait pas de comprendre tous les mots... Donc je les ai notés, mais en fait j'en ai déjà oublié les deux-tiers ! C'est vrai que je ne suis pas comme Bruno BAILLON, un «amateur de mots», un «collectionneur» de mots ! Bruno m'a raconté, lors de notre rencontre, un de ses souvenirs d'enfant. C'était en classe à Hirson, lors du dernier jour de son CM2. Son instituteur avait cet après-midi là commencé une séance de ce jeu télévisé, des chiffres et des lettres. Il tirait donc au sort sept lettres, et attendait les propositions de ses élèves. Bruno trouvait très souvent des «sept lettres». Il avoue même qu'il éprouvait un plaisir certain à connaître, et à citer, des mots que ses camarades ne connaissaient pas. C'était son jeu, son «truc» à lui... Et de là à les inventer, il n'y a qu'un pas. Cherchez donc dans un dictionnaire, le mot «banané», qui constitue le titre de cet ouvrage, et que Bruno BAILLON utilise une fois, dans les dix dernières pages, ce qui permet de comprendre le sens qu'il a voulu lui donner... Le goût des mots a donc perduré. Il en a une énorme connaissance, et sait les utiliser. Alors qu'il avait quitté prématurément le Lycée d'Hirson, c'est ce goût des mots qui le conduira à nouveau sur les bancs de la faculté, où, après avoir franchi le cap d'un équivalent du bac, il obtiendra une licence de lettres modernes.

L'écriture est à deux niveaux. Tout d'abord, pour ce qui concerne le récit, effectué par le «héros»,... non, plutôt «l'anti-héros», le journaliste Yves KLOTZ, c'est une écriture très léchée, très littéraire, utilisant sans faille la conjugaison du récit, et donc un vocabulaire précis et adapté. La syntaxe est légère. Le tout rend le personnage sympathique car facilement compréhensible et abordable...

Les autres acteurs, des «barbouzes» navigant dans tous les milieux de la police, secrète ou pas, des organismes du genre DGSE ou autres, des structures privées organisées par quelques politiciens ambitieux et ne reculant devant aucune «action».... sont affublés d'un langage quasiment de charretier, même pas un langage de la rue, mais celui du plus bas étage qui soit ! A croire que leur culture s'arrête à la connaissance des marques de bière...

Comme si la différence des langages, à elle seule, pouvait mettre les personnages en place dans leur milieu naturel.

Donc Yves KLOTZ est un homme honnête, même plus un honnête homme. Pour lui (mais pour moi aussi), tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil... Donc il croit tout ce qu'on lui dit, et se croit le héros de toute situation dans laquelle on le met, et où il va «pouvoir refaire le monde» !

Peut-on survivre dans cette société mondialisée en étant un spécimen d'homme honnête ?

C'est donc que ce modèle de société n'est pas celui qui peut conduire l'homme à son désir suprême... Le bonheur ?

Au fait, après ces pages, écoutez donc Sanseverino vous parler de ce spécimen très rare... vedette de la ménagerie du cirque... en compagnie de la femme à barbe et du veau à six pattes... l'homme honnête...

Le banané, Editions THELES, ISBN 9782847762372, 18.9 Euros
A Hirson, chez M. DRUBIGNY à la librairie moderne.

JMG